Le manuel diagnostique psychodynamique
Le PDM-2 est le premier manuel de diagnostic basé sur des modèles cliniques et théoriques à orientation psychodynamique. Destiné expressément à la formulation de cas et à la planification du traitement, il offre une alternative, ou simplement une intégration empiriquement fondée et cliniquement utile, aux diagnostics catégoriques du DSM et de la CIM. En mettant en évidence l’ensemble du spectre du fonctionnement psychique, il est proposé plus comme une «taxonomie des personnes» que comme une «taxonomie des perturbations». La proposition de diagnostic du PDM-2 est structurée par groupes d’âge (adultes, adolescents, bébés, enfants en bas âge et personnes âgées) et s’accompagne de cas cliniques exemplaires.
Dans cette deuxième édition à paraître bientôt en français, les contenus seront complètement mis à jour (plus de 90% du volume sera inédit), grâce aux experts internationaux les plus autorisés qui ont participé.
Le comité de direction scientifique
Vittorio Lingiardi
Médecin psychiatre et psychanalyste, il est professeur de psychologie dynamique à l’Université Sapienza de Rome, où entre 2006-2013 il a dirigé l’École de spécialisation en psychologie clinique. Il est l’auteur de nombreux articles et volumes, y compris l’évaluation de la personnalité avec le SWAP-200 (avec J. Shedler et D. Westen, 2014).
Nancy McWilliams
Psychologue et psychanalyste, elle enseigne à la Graduate School of Applied and Professional Psychology de Rutgers, à l’Université d’État du New Jersey. Elle est l’auteure de nombreux articles et volumes, notamment Psychothérapie psychanalytique (2004) et Diagnostic psychanalytique (2011).
Les nouveautés de la 2ème édition
- Révisions importantes de tous les chapitres, pour refléter une décennie de progrès cliniques, empiriques et méthodologiques.
- Chapitre avec des illustrations de cas cliniques, y compris des profils PDM complets.
- Section distincte sur les personnes âgées (1er système de classification avec section gériatrique).
- Traitement étendu des psychoses et du niveau psychotique d’organisation de la personnalité.
- Attention particulière aux questions de culture et de diversité et à la subjectivité du clinicien et du patient.
- Chapitre sur les instruments d’évaluation recommandés et outils de diagnostic reproductibles / téléchargeables.
- Comparaisons approfondies avec le DSM-5 et l’ICD-10-CM.
Une édition entièrement renouvelée
Le «Manuel de diagnostic psychodynamique» (PDM-2) est en cours de traduction dans le monde entier. La responsabilité de la Direction Scientifiques est assurée par Vittorio Lingiardi et Nancy McWilliams. Le Comité Scientifique est composé de trente-sept experts internationaux. Le contenu est organisé par groupes d’âge et structuré en seize chapitres et six sections. Il comporte trois axes de diagnostic: personnalité, capacités mentales et symptômes et expérience subjective, auxquels deux autres sont ajoutés pour les enfants de zéro à trois ans. Cette publication est parrainée par dix organisations scientifiques et professionnelles internationales, dont le département psychanalyse de l’American Psychological Association, l’International Psychoanalytical Association, l’International Association of Relationnal Psychoanalysis and Psychothérapy et l’International Society of Adolescent Psychiatry and Psychology.
Questions à l’auteur Vittorio Lingiardi du PDM-2
Pourquoi ce PDM-2 ?
En tant qu’enseignants et superviseurs, Nancy McWilliams et moi réalisons chaque jour combien de jeunes collègues se sentent perdus dans le monde du diagnostic biomédical, et à quel point ils ressentent le manque d’un système psychologiquement mieux articulé. Sans les aspects dynamiques, relationnels et intersubjectifs du diagnostic, le processus cesse d’avoir un sens et risque de devenir routinisé. Il ne met pas seulement la pression sur l’identité professionnelle du clinicien, mais il atténue ou déforme la capacité de détecter et de décrire les caractéristiques cliniquement saillantes et le fonctionnement mental des patients, ce qui peut compromettre la relation clinique.
En 2006, j’ai lu le PDM-1 et proposé une traduction en italien. J’ai immédiatement réalisé que cette approche (systématique et en même temps cliniquement articulée) comblait un vide. Aucun autre manuel de diagnostic ne présentait ces caractéristiques, et le besoin était grand parmi les cliniciens et les scientifiques. Compte-tenu du succès de la 1ère édition, et en réponse aux commentaires sur ses forces et ses faiblesses, Nancy et moi avons réuni un groupe important de consultants et de collaborateurs et nous avons révisé le PDM original pour améliorer sa rigueur empirique et son utilité clinique. Nous avons estimé qu’il était crucial pour la communauté internationale d’avoir un manuel de diagnostic qui intègre les connaissances cliniques des psychanalystes avec l’expertise des chercheurs empiriques, des chercheurs en attachement et en mentalisation – le tout en dialogue avec la psychologie cognitive et les neurosciences.
Qu’y-a-t’il, selon vous, d’important à souligner ?
Dans cette nouvelle édition, nous essayons d’offrir un cadre diagnostique qui caractérise la gamme complète de fonctionnement d’un individu – la profondeur ainsi que la surface des modèles émotionnels, cognitifs, interpersonnels et sociaux. Nous essayons de promouvoir l’intégration entre la compréhension nomothétique et les connaissances idiographiques utiles pour la formulation des cas et la planification du traitement, en mettant l’accent sur les variations individuelles et sur les points communs. De plus, nous souhaitons attirer l’attention sur l’importance du diagnostic tout au long du cycle de vie. Pour cette raison, le PDM-2 est divisé en groupes d’âge (adultes, adolescents, enfants, petite enfance et vie future) et utilise une approche multidimensionnelle pour décrire les subtilités du fonctionnement global du patient et les façons de s’engager dans le processus thérapeutique. Chaque groupe d’âge est caractérisé par trois axes, le long desquels le clinicien peut diagnostiquer un patient: Axe P (Syndromes de Personnalité), Axe M (Profil de Fonctionnement Mental), et Axe S (Modèles de Symptômes: Expérience Subjective). L’approche multi-axiale pour la section Enfance et Petite Enfance diffère des autres en raison des qualités uniques des trois premières années de vie.
Bien que les praticiens psychodynamiques connaissent mieux les concepts PDM-2 que les cliniciens d’autres orientations, nous espérons que ce volume intéressera les thérapeutes formés dans d’autres traditions, notamment biologiques, CBT, axés sur les émotions, systèmes familiaux et approches humanistes.
Que souhaitez-vous que les lecteurs retiennent principalement de ce livre?
J’espère que le diagnostic ne sera plus considéré comme un «gros mot» (citant Nancy McWilliams) ou comme un acte bureaucratique ou dévalué. Il s’agit plutôt d’un processus engageant et stimulant qui peut nous ramener à la signification originelle et ancienne du mot diagnostic: «savoir à travers». À travers le patient, le dialogue et la relation.
Le processus de diagnostic n’a pas de formule simple et facile à appliquer. Dans son ouvrage General Psychopathology (1913), Karl Jaspers affirme que «tout schéma de diagnostic doit rester un problème ennuyeux pour le scientifique» (Alle Diagnosenschemata müssen für den Forscher eine Qual Bleiben). Dans la citation originale, le mot allemand Qual est utilisé pour « ennuyeux »; Qual signifie littéralement « tourment », et en fait je pense que pour les chercheurs et les cliniciens le diagnostic devrait être un « tourment ». Il y a toujours une tension entre le besoin de connecter un patient à une catégorie générale et, en même temps, de relier le patient à ses qualités uniques – «l’impossible science de l’être unique», dirait Roland Barthes. Un manuel de diagnostic utile devrait maintenir une tension saine entre les objectifs de saisir la complexité des phénomènes cliniques (compréhension fonctionnelle) et le développement des critères qui peuvent être jugés de manière fiable et utilisés dans la recherche (compréhension descriptive).
Le livre remet-il quelques idées en place?
Il y a toujours eu un conflit plus ou moins explicite entre les universitaires orientés vers la recherche et certains praticiens dans la communauté psychanalytique. Le PDM-1 a été critiqué avec l’argument que dans la pratique, toute utilisation de la catégorisation en ce qui concerne les patients est une « dessiccation » de l’expérience humaine. Or, nous avons besoin d’un moyen constructif pour combler le fossé entre la recherche et le travail clinique – nous avons besoin d’un pont pour réconcilier une recherche plus créative et écologiquement valide, avec le défi posé au clinicien. C’est le seul moyen de rendre le diagnostic significatif.
À notre avis, un clinicien engagé dans un bon processus de diagnostic (en termes de personnalité et de fonctionnement mental, mais aussi de symptômes et/ou de comportements problématiques) n’est pas comme un entomologiste qui tue un papillon pour le catégoriser. Le diagnostic est un processus dynamique, dans tous les sens du terme.